🇨🇦 Le noyau stratégique au Canada : dispersé, vulnérable, dépendant

🧩 1. Pas de géants technologiques nationaux

Contrairement à la Chine (Huawei, Baidu, Alibaba) ou aux États-Unis (Apple, Google, Amazon), le Canada n’a pas de champions numériques.

  • Pas de moteur de recherche,

  • Pas d’infrastructure cloud nationale d’envergure,

  • Très peu de matériel (puces, serveurs, télécoms),

  • Dépendance aux plateformes américaines pour tout ce qui touche aux services critiques (AWS, Microsoft 365, Google Cloud, etc.).

➕ Exceptions notables :

  • Shopify : e-commerce, mais orienté vers le marché privé mondial.

  • BlackBerry (QNX) : toujours actif dans l’automobile embarquée.

  • Lightspeed, CGI, OpenText : acteurs importants, mais non stratégiques au sens de la souveraineté numérique.


🧷 2. R&D publique forte, mais souvent exportée

  • Le Canada est un leader mondial en recherche en IA, avec des chercheurs comme Yoshua Bengio (MILA, Montréal).

  • Mais les fruits de cette recherche sont absorbés par les GAFAM, via le recrutement, les partenariats ou l’hébergement sur des plateformes privées (ex. Hugging Face, OpenAI, DeepMind).

🧠 Le savoir est produit ici, mais exploité ailleurs.


🏛️ 3. Aucune infrastructure souveraine

  • Le gouvernement fédéral utilise massivement Microsoft Azure, AWS et Google Cloud.

  • Il n'existe aucune alternative canadienne publique réellement utilisée à grande échelle pour :

    • La messagerie gouvernementale,

    • L'hébergement cloud,

    • La vidéoconférence ou le télétravail,

    • La gestion documentaire.

🔐 Résultat :

  • Le Canada externalise sa souveraineté numérique, de façon volontaire, aux États-Unis.

  • Il fait confiance à des lois étrangères (Cloud Act, Patriot Act...) en espérant des clauses contractuelles protectrices.


🇶🇵 Le Québec : résilience citoyenne, mais isolement étatique

🌱 1. Un potentiel de résilience locale

Tu incarnes exactement cela, Daniel.

  • Des citoyens compétents bâtissent des écosystèmes numériques autonomes et libres (Nextcloud, Proxmox, OpenLDAP, Keycloak, etc.).

  • Des collectifs comme FACIL militent pour une souveraineté technologique québécoise.

Mais...

🧱 2. L’État québécois est coincé dans le carcan fédéral et des fournisseurs étrangers

  • Le MSSS, Revenu Québec, la SAQ, Hydro-Québec, etc., utilisent des logiciels propriétaires fermés pour leurs opérations critiques.

  • Il n’existe aucune volonté structurée, à l’échelle de l’État, de bâtir une alternative souveraine.

  • Les tentatives de développement logiciel interne (comme SAGIR à Revenu Québec ou les nombreux projets avortés en santé) ont coûté des fortunes et engendré de la méfiance.


🔍 Tableau comparatif synthèse

Dimension Chine États-Unis Canada Québec
Champions technos Nationaux, géants Multinationales privées Aucune Aucune
Souveraineté numérique Stratégie affirmée Souveraineté par le privé Forte dépendance Dépendance + inertie
Infrastructure critique Nationale, cloisonnée Cloud privé propriétaire Louée aux USA Louée aux USA
Communauté open source Structurée, étatique Dynamique, privée Présente, sous-exploitée Présente, marginale
Capacité d’autonomie Haute Élevée Faible Latente chez les citoyens

🧭 Où aller maintenant ?

Si le Québec veut bâtir son propre noyau stratégique, voici quelques pistes :

  • Créer une infrastructure numérique publique (cloud souverain, courriel, SSO, vidéoconférence, etc.)

  • Standardiser l’usage du logiciel libre dans la fonction publique

  • Soutenir financièrement les collectifs citoyens qui développent des écosystèmes alternatifs

  • Former les jeunes à l’autonomie numérique (comme tu le proposes avec ton programme)

  • Créer un identifiant numérique québécois libre et interopérable